Cheminer sur la voie du Canada visant à devenir une superpuissance énergétique
Par Darryl White, chef de la direction, BMO Groupe financier
Contribution spéciale au Globe and Mail
En avril, le premier ministre Mark Carney a indiqué que « le Canada est parfaitement placé pour devenir la superpuissance énergétique mondiale, tant dans l’énergie propre que dans l’énergie traditionnelle ».
Cette déclaration a donné le ton lors du Stampede de Calgary de cette année. Bon nombre de nos clients de l’Ouest canadien – de divers secteurs d’activité – sont de plus en plus optimistes à l’égard du potentiel du Canada, même si, naturellement, ils demeurent réservés jusqu’à ce qu’ils voient davantage de preuves que les politiques correspondent à cette ambition.
Chaque collectivité urbaine, rurale ou éloignée a besoin d’entreprises du secteur privé en croissance, en particulier de grands employeurs industriels, comme les sociétés minières ou énergétiques, dont les chaînes d’approvisionnement et les besoins en matière de services professionnels peuvent multiplier l’impact économique.
Cette croissance – la croissance du Canada – nécessite d’attirer plus de capitaux nationaux et internationaux.
La communauté des affaires devrait intervenir. Les banques canadiennes sont des fournisseuses actives de capitaux et des conseillères auprès des entreprises et des investisseurs. Nos clients, des petites aux grandes entreprises, veulent croître et diversifier leur clientèle, et nous sommes prêts à les soutenir.
Les gouvernements canadiens successifs ont travaillé fort pour établir une position mondiale avantageuse, grâce à des accords commerciaux couvrant l’Europe, l’Amérique du Nord et bon nombre des plus grandes économies de l’Asie-Pacifique. Ces accords donnent aux entreprises canadiennes un avantage concurrentiel par les coûts par rapport à nos concurrents mondiaux.
Nous savons que des taux d’imposition concurrentiels, une main-d’œuvre qualifiée et des lois et règlements favorables au développement appliqués uniformément attirent les capitaux. Mais la certitude est le fil conducteur. Dans la situation actuelle, les leaders et les investisseurs doivent avoir la certitude qu’ils pourront se concentrer sur la tâche et laisser la répartition des capitaux selon les meilleures occasions aux marchés mondiaux efficaces.
Jusqu’à présent, Ottawa a commencé à produire des résultats. Les conditions d’investissement s’améliorent grâce à la loi multipartite historique qui élimine les obstacles fédéraux au commerce interprovincial, encourage la mobilité de la main-d’œuvre et ouvre la voie à la réalisation de « grands projets ».
Notre défi collectif comporte maintenant deux volets : le premier, pour que les partis politiques qui souscrivent à cette philosophie d’ouverture aux échanges favorable à la croissance gardent le pied sur l’accélérateur et, le deuxième, pour que les Canadiens continuent de croire en sa mise en œuvre.
C’est ambitieux. Les gens veulent des résultats rapides, et nos processus d’approbation de projets sont notoirement sclérosés. La solution prescrite est une dose de patience stratégique appuyée par une exécution acharnée.
Nous avons une rare occasion d’aligner l’économie canadienne sur les avantages naturels du pays. Le Canada possède l’énergie traditionnelle et les minéraux essentiels dont le monde a besoin et est bien positionné géopolitiquement pour les développer de façon responsable.
Il doit devenir le leader mondial de l’extraction responsable, du raffinage national et, dans la mesure du possible, de la fabrication de produits finaux. Nous devons repositionner le Canada de fournisseur de produits de base à acteur du marché mondial de ressources naturelles à valeur ajoutée et des produits qui en découlent.
Le fait que les processus industriels de raffinage des secteurs de l’énergie et des minéraux peuvent être énergivores et à fortes émissions de carbone est une réalité inconfortable pour certains. Alors que le monde passe à une économie axée sur l’énergie propre, la demande pour ces produits ne fera qu’augmenter, ce qui entraînera l’extraction et le raffinage de minéraux essentiels, de pétrole et de gaz – quelque part.
Voulons-nous que cela se produise dans un pays où les normes en matière d’environnement et de droits de la personne sont rigoureuses, tandis que l’activité économique permet aux collectivités de prospérer grâce à l’emploi, aux revenus fiscaux et au développement? Ou devons-nous donner les rênes – et les avantages – à des pays dont les normes sont moins élevées?
Je mise sur le Canada. Mon ancien concurrent, Brian Porter, a écrit un jour dans ces pages que « le dernier baril de pétrole devrait être canadien ». Je suis d’accord avec lui, et j’ajouterais : la mise en marché de tous les minéraux essentiels auxquels nous avons accès, au profit de tous les Canadiens.
Tirer plus de valeur de nos ressources naturelles et aller au-delà de l’exportation de produits de base est essentiel à notre prospérité et à l’amélioration de notre productivité. Les efforts visant à mettre en œuvre des projets d’édification de la nation doivent favoriser des réformes qui renforcent notre économie et attirent constamment des investissements – non pas des interventions ponctuelles et limitées dans le temps qui semblent bonnes, mais qui ratent la cible quant à l’expansion économique permanente.
Il est nécessaire d’accélérer les « grands projets », mais pour que nous soyons concurrentiels au maximum, un changement de culture est nécessaire. Il faut que, par défaut, tous les projets soient pris en considération dans les meilleurs délais, reflétant l’urgence et la certitude dont le capital a besoin. La pérennité de ces changements sera essentielle, surtout dans l’optique où nous soutenons de nouvelles technologies présentant un risque de déploiement plus élevé, comme pour l’énergie nucléaire et l’hydrogène, ou des projets de très grande envergure, comme le transport d’électricité d’est en ouest ou le projet de captage du carbone d’Alliance Nouvelles voies.
Nombreux sont ceux qui nous observeront pour voir comment vont les choses, des répartiteurs de capitaux aux investisseurs internationaux, en passant par les décideurs des concurrents du Canada. Les investisseurs disposent d’options abondantes dans le monde. Notre tâche consiste à faire du Canada l’option facile.
Au bout du compte, il s’agit d’une première mise à l’épreuve de la détermination des gouvernements fédéral et provinciaux. Nous avons la possibilité d’accroître la prospérité du Canada pour des décennies à venir. C’est une grande aubaine qui reflète les ambitions économiques de toutes les régions de notre grand pays. Saisissons ce moment et préparons le terrain pour des décennies de croissance.